Les Moulineaux, Louis XIV, la chirurgie ...et l'Angleterre ...

 

Le siècle du Roi Soleil a vu l’avènement de la chirurgie :

 

A l’origine de la profession, la fonction de chirurgien se confondait avec celle de barbier : le chirurgien traitait avec ses rasoirs les plaies, abcès, excroissances diverses, pratiquait la saignée et autres menues interventions.

Dès la fin du XVIIème siècle et sur l’initiative du roi Louis XIV, la profession de chirurgien se distingua delouis-xiv-a-cheval celle de barbier, et la formation des chirurgiens fut organisée.

( En 1686, le roi souffre d’une fistule anale, développée à force de monter à cheval, que ses médecins ne parviennent pas à guérir. En revanche, son chirurgien Charles François Tassy dit Félix le guérit après une opération risquée et très douloureuse : Louis XIV lui en sera reconnaissant et fera organiser la formation des chirurgiens).

Charles-François Tassy, dit Félix ou Charles-Francois Félix de Tassy, né à Avignon vers 1635 et mort en 1703, est un chirurgien français qui devînt premier chirurgien du roi Louis XIV. Il reste célèbre pour avoir opéré Louis XIV d'une fistule anale en 1686. L’opération sera une réussite et trois mois après l’intervention, le souverain pouvait remonter à cheval. 

Pour le remercier, le roi versera à Charles-François Félix de Tassy des honoraires très élevés et des dons en jouissance.

 

En fait, le Roi-Soleil, ce monarque de droit divin, ce « Dieu de l’Olympe », alors âgé de 47 ans, souffrait d’une fistule anale. Dès lors, 1686 devint « l’année de la fistule « Le roi avait des difficultés à monter à cheval et se montrait moins à la cour

Après maintes tergiversations, le chirurgien Charles-François Félix de Tassy finit par démontrer au roiSCALPEL Louis XIV « qu’une incision occasionnant une douleur de quelques minutes le soulagerait absolument ». Mais il n’envisageait pas du tout la chose avec indifférence. De fait, comme le fit jadis Ambroise Paré pour tenter de sauver Henri II de sa terrible blessure, Félix s’exerça d’abord in vivo sur des malades « réquisitionnés » pour l’occasion dans les hospices de Paris. « Quelques-uns moururent qu’il prit la précaution de faire enterrer de très grand matin « Cependant, le prudent praticien put ainsi mettre au point le « bistouri à la royale » qu’il allait utiliser.

 

Le 18 novembre 1686, à sept heures du matin, la « grande opération » eut lieu dans la chambre du roi àECARTEUR louis XIV Versailles. Les seules personnes présentes étaient Madame de Maintenon, le père La Chaise, confesseur du roi, Louvois, ainsi que quelques apothicaires. Avant de laisser faire le chirurgien, le roi aurait dit tout haut : « Mon Dieu, je me remets entre vos mains ». Durant l’intervention, sans anesthésie, « Madame de Maintenon s’abîmait dans les prières » et « le front de Félix dégouttait de sueur », mais le roi tenait serrée la main de son ministre de la Guerre et ne se plaignait pas. Il répétait seulement : « Est-ce fait, Messieurs ? Achevez et ne me traitez pas en roi ; je veux guérir comme si j’étais un paysan »

L’histoire ne s’est pas attardée sur les éventuelles troubles séquellaires de l’auguste continence. En revanche, la reconnaissance du bon roi fut à la hauteur du soulagement enfin obtenu et les récompenses furent… royales. Félix toucha « la terre de Moulineaux » ainsi qu’une forte somme d’argent et devint célèbre.

 

La suite est savoureuse et pour le moins inattendue (même si les historiens se battent encore aujourd’hui sur la vraisemblance de l’anecdote). Afin de remercier Dieu et célébrer la visite du roi, la duchesse de Brinon écrivit un motet qui fût mis en musique par Jean-Baptiste Lully. Ainsi, à chaque fois que le Roi Très-Chrétien faisait son entrée dans la chapelle de Saint-Cyr, « tout le choeur desdites Demoiselles y chantoient à chaque fois les parolles » qui commençaient par : « Grand Dieu, sauvez le Roy ! ». En 1714, Georg Friedrich Haendel, vivant alors à Londres et de passage à Paris, aurait été à ce point séduit par ce chant qu’il en aurait copié les partitions et les paroles. Puis, de retour en Angleterre, le compositeur aurait fait traduire le texte à l’intention du Roi d’Angleterre, Georges 1er.

 

Ainsi, par un singulier raccourci de l’histoire, la guérison du séant royal de France serait à l’origine du « God save the King ! », hymne national de nos voisins d’outre-Manche.

 

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